Biographie Denechaud Jacques
DÉNÉCHAUD, JACQUES, chirurgien, apothicaire et
propriétaire foncier, né le 11 juillet 1728 à Saint-Savin, France,
fils de Pierre Dénéchaud, chirurgien, et d’Antoinette Lubet ; le
17 novembre 1756, il épousa à Québec Angélique Gastonguay, et ils
eurent sept enfants ; décédé le 25 septembre 1810 à Québec.
Jacques
Dénéchaud fait ses études médicales en France auprès d’un médecin du nom de
Cavelier qui exerce à Saint-Savin. Le 5 mai 1751, il obtient du
Bureau des commissaires royaux du grand amiral de France, à Brouage, un
certificat l’autorisant à occuper le poste de chirurgien sur les vaisseaux
long-courriers. Fort de ce document officiel et après avoir prêté le serment
rituel d’allégeance au roi de France, il s’embarque pour la Nouvelle-France et
arrive à Québec en 1752. Il s’établit aussitôt et allie la pratique civile à
ses devoirs de médecin de la marine. Disposant sans doute de revenus non
négligeables, il achète le 12 décembre 1758 une maison en pierre de
trois étages, située rue Saint-Jean, pour la somme de 5 300ª qu’il
remboursera en trois ans. Cette maison, ayant d’ailleurs appartenu à son
beau-père, Jean-Baptiste Gastonguay, deviendra son lieu de résidence jusqu’en
1791.
De 1769 à
1810, Dénéchaud exerce la médecine à l’Hôtel-Dieu de Québec où il établit,
selon toute vraisemblance, une boutique d’apothicaire. Sa compétence
professionnelle ne fait aucun doute car, en 1788, il figure parmi les premiers
médecins à obtenir une licence de pratique du Bureau des examinateurs en
médecine de Québec. Cet organisme, mis sur pied à la demande du Conseil
législatif pour prévenir le charlatanisme, décerne également à Pierre Chicou,
dit Duvert, à Ignace Friedel, à Élie Laparre, à Pierre-Henri Lebreton, dit
Lalancette, et à George Weis le certificat de chirurgien et pharmacien pour le
district de Québec.
En dehors
de la pratique médicale, Dénéchaud se lance dans une série de transactions
immobilières. De 1772 à 1796, il fait l’acquisition d’au moins sept
emplacements et maisons, dans la haute ville de Québec, d’une valeur totale
d’environ £800. Certaines de ces propriétés sont revendues avec un bénéfice
brut de 150 p. cent et d’autres sont louées à des particuliers pour un prix
variant de £25 à £50 par année. Durant la période active de la carrière du
docteur Dénéchaud, nombreuses sont les personnes qui viennent le consulter afin
qu’il agisse en leur nom à titre de procureur, lors d’une transaction, ou comme
exécuteur testamentaire. Il est cependant impossible d’établir s’il exigeait
une commission en retour de ses services. Néanmoins, le fait d’administrer
d’importantes sommes d’argent lui donne sans contredit l’occasion de devenir un
important bailleur de fonds à Québec. De 1782 à 1809, il avance plus de
£5 258 sous forme de prêts multiples consentis au taux légal de 6 p.
cent ; au fil des années, il détiendra des créances, allant de £25 à £500,
auprès d’une clientèle se recrutant surtout parmi les marchands, les artisans
et les fonctionnaires de Québec.
Le docteur
Dénéchaud gère avec précision non seulement ses propres affaires mais aussi
celles qu’on lui confie. Aussi, ne dédaigne-t-il pas de recourir aux tribunaux
pour exiger le remboursement de dettes échues. En 1788, à titre d’exécuteur
testamentaire de Barthélemy Cotton*, il fait saisir une maison de la rue
Mont-Carmel à Québec, appartenant à Jacques Chevalier et à Joseph Dussau ainsi
qu’à leurs épouses. À l’inverse, Dénéchaud fait preuve d’une plus grande
souplesse dans les transactions qu’il conclut avec ses enfants. En 1791, il
avance une part d’héritage de £527 à deux de ses fils, Pierre et Claude*,
marchands en société, et leur loue une maison sise rue de la Fabrique, pour £16
par année qu’ils devront verser à Charles-Denis Dénéchaud, leur frère, afin de
« [l’] aider à parvenir à l’état ecclésiastique qu’il a embrassé ».
Dénéchaud
meurt le 25 septembre 1810 à sa résidence de la rue Couillard qu’il
habitait depuis 1792. Au moment de son décès, il était le dernier des médecins
français venus s’installer à Québec avant la Conquête. Il léguait aux
religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec tous ses instruments de chirurgie et ses
médicaments, de même qu’une somme de £100 pour aider à payer la réfection de la
chapelle. Veuf depuis 28 ans, il laissait à ses enfants l’entière propriété de
sa résidence et l’usufruit de tous les autres biens meubles et immeubles qu’il
avait en sa possession.
De la vie
sociale de Jacques Dénéchaud, on sait peu de chose, si ce n’est qu’il occupa la
charge de marguillier de la paroisse Notre-Dame de Québec au cours des années
1780. À son sujet, le docteur Joseph Morrin* affirmera en 1848 : « Il
était un homme de génie plaisant par la douceur de sa conversation ; il
assistait avec bonté ses malades et possédait des qualités qui feront toujours
chérir sa mémoire. » source Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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