Biographie Therrien Alexina

Texte de Radio-Canada paru le 8 janvier 2009

« Le bonheur, c'est moi qui l'ai! »

À 102 ans, Alexina Therrien a trouvé le secret du bonheur. C'est en aînée lucide et fière qu'elle se remémore les détails d'une vie comblée, et assurément bien remplie. Née dans Bellechasse, Madame Therrien a grandi à la campagne sur une terre exploitée par ses parents. Et c'est à Saint-Vallier, sur la plaine longeant le Saint-Laurent, qu'elle a épousé, à 21 ans, Joseph-Louis Lamontagne, veuf et père de 8 enfants. Elle a aussi donné naissance à 14 enfants. « On était 22 à table », évoque-t-elle avec plaisir.

[Alexina Therrien] Alexina Therrien

De cette époque vécue dans la pauvreté, mais emplie de grandes richesses, Mme Therrien garde le souvenir d'une vie entourée, meublée par le travail constant, et un savoir-faire formidable et sans limites. Car sur la terre de Saint-Michel-de-Bellechasse où elle a élevé les siens, Mme Therrien a touché à tous les métiers destinés à satisfaire les besoins d'une famille nombreuse: de cultivatrice à charcutière, de fileuse à couturière, de cordonnière à chapelière. « On n'avait pas de télévision, on n'avait pas le téléphone dans ce temps là, alors on s'assoyait et on travaillait », se rappelle-t-elle.

C'est aussi sur cette terre qu'Alexina Therrien a été témoin des grands événements marquants de l'histoire, les deux grandes guerres, le passage du R-100, la construction (et l'effondrement) du pont de Québec, l'épidémie de grippe espagnole.

Adaptée aux changements technologiques, Mme Therrien dit ne pas avoir de regrets face au délaissement de certains métiers passés sous l'ère de l'industrialisation. C'est toutefois avec une certaine déception qu'elle constate l'abandon d'une vie plus simple au profit d'une vie motivée par l'argent. Elle évoque au passage les gens pressés par le temps et le sort de nombreuses personnes âgées que ce même temps confine dans la solitude.

Cette dame, qui a conservé une mémoire étonnante et une santé appréciable malgré son âge, demeure une personne rayonnante, dont le secret a certainement été de prendre la vie du bon côté.

Alexina Therrien vit l'été à Beaumont, dans Chaudière-Appalaches, le long du fleuve, avec sa fille, Micheline Lamontagne, et son gendre, Pierre Lavallière. Elle est la doyenne d'une grande famille maintenant composée de 54 petits-enfants, 72 arrière-petits-enfants et 12 arrière-arrière-petits-enfants.

Autre texte publié par Radio-Canada le 8 mars 2015

Comme à plusieurs endroits dans le monde, la Journée internationale des femmes a été célébrée dimanche à Québec. Alexina Therrien, 109 ans, a été témoin privilégiée de l'évolution du droit des femmes au fil des ans.

Femme d'agriculteur, sans instruction et sans droit de vote pendant de nombreuses années, Alexina Therrien a vécu une vie bien différente de celle de ses filles. « Dans ce temps-là, l'instruction, ce n'était pas comme aujourd'hui [...] Je n'ai pas de diplôme », raconte-t-elle.

Beaucoup de choses ont changé en un siècle, dit celle qui a vécu les deux guerres mondiales et élevé 22 enfants dans la région de Bellechasse.

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, Alexina Therrien constate les progrès réalisés et le chemin parcouru par les femmes.

[Alexina Therrien parle avec la journaliste Marie Maude Pontbriand.] Alexina Therrien parle avec la journaliste Marie Maude Pontbriand.

« Aujourd'hui, la femme a sa valeur quasiment autant comme un homme, mais avant ça, non [...] On n'avait pas droit à des chèques », se souvient-elle.

Au fil des ans, la femme de 109 ans a fait sa place dans un monde où les inégalités entre les hommes et les femmes ont longtemps été prononcées.

« Elle était fonceuse [...], elle s'avançait, elle voulait faire des choses, elle trouvait que des fois mon père, lui, était plus peureux », se souvient Micheline Lamontagne, la fille d'Alexina Therrien.

Si elle s'est bien adaptée au 21e siècle, Alexina Therrien dit ne pas comprendre certaines habitudes contemporaines, comme celle qu'ont les Québécois de s'évader dans le sud pendant l'hiver.

« Il fait frette ici. Pourquoi on ne prend pas ça tel que c'est? [...] Si tu ne prends pas ça tel que c'est, tu vas toujours être malheureuse », philosophe-t-elle.

Doyenne de Beauport à 109 ans en 2015

RECONNAISSANCE. Dans la foulée de la Journée internationale des femmes, le député provincial de Montmorency, Raymond Bernier, a souligné dernièrement les 109 ans de la doyenne de l’arrondissement de Beauport, Alexina Therrien, en lui remettant la médaille de l’Assemblée nationale du Québec.

La médaille de l’Assemblée nationale du Québec est une distinction attribuée par un député. Elle est décernée à des personnalités de différents horizons qui, par leur carrière, leurs travaux ou leur engagement, méritent la reconnaissance de l’ensemble des citoyens.