Biographie Roy Joseph



Biographie Roy Joseph

Source: Albertine Roy (Soeur Saint-Clément-de-Rome, S.C.Q.). Désiré Roy (1858-1935) - Son ascendance au pays et sa descendance (1663-1943). Tirage manuscrit distribué aux membres de la famille Roy et Marceau le 15 août 1973, p. 15-26

" Désiré Roy naquit à Saint-Vital-de-Lambton, le 13 août 1858 - dix ans après la fondation de la paroisse - du mariage de Louis Roy et de Madeleine Marcoux, de Saint-Anselme. Il était le dernier d'une famille de cinq garçons.

Dès sa tendre enfance, il perdit sa mère. Son père Louis, pour assurer les soins aux orphelins, convola en secondes noces, ce qui entraîna le départ hâtif des deux plus âgés qui émigrèrent très tôt, Alfred, à Vancouver, d'où il ne revint pas, et Hilaire au Wisconsin; ce dernier, après 40 ans d'absence, retrouva le chemin du Canada. Les trois plus jeunes, Louis, Auguste et Désiré demeurèrent au foyer et se développèrent normalement, quoique privés des caresses et de l'affection d'une maman qui leur manquera beaucoup.

Parvenu à l'âge scolaire, le cadet, Désiré,dut, sous prétexte de l'éloignement de l'école - 1 mille (1,61 km) - sacrifier son désir de s'instruire et accepter de seconder son père dans les travaux de la ferme, travaux pour lesquels, il n'avait aucun goût, aucune aptitude. À cette carence d'instruction dont il souffrit beaucoup, il trouvera le moyen de suppléer plus tard par des cours privés, suivis avec application, il va sans dire... Ce qui lui permettra d'atteindre le but qu'il s'était d'abord proposé: acquérir assez d'instruction pour être en mesure de gagner et celle de sa famille, car, à ce moment, il était marié.

En effet, le 23 juillet 1823, Désiré Roy avait uni sa destinée à celle de Joséphine Bureau, offrant à la jeune épousée de 18 ans (lui en avait 24) avec toutes les tendresses de son coeur, la joie de partager la grande fortune qu'il avait reçue de la nature, celle d'être "NÉ BON" (Joubert).

De cette union, devait naître 12 enfants dont 6 morts en bas âge. En dépit de ces tombes qui se sont refermées prématurément, le foyer de Désiré Roy était ce qu'on peut appeler " un foyer heureux".

Grâce à l'instruction laborieusement acquise dans les premières années de son ménage et par le jeu des circonstances providentielles, il avait obtenu un emploi du Gouvernement du Québec, tout d'abord dans le ministère des Terres et Forêts comme garde-forestier et, par la suite, dans le ministère de la Colonisation à titre d'inspecteur: position qu'il conservera jusqu'à l'âge de 70 ans (on était alors à l'époque où les forces physiques déterminaient le moment de la retraite).

Et, la ferme ? dirons-nous...qui en avait assumé la gestion après la mort de son père, puisque Désiré en était devenu propriétaire ? D'après nos souvenirs, nous pouvons affirmer que les trvaux furent confiés à des personnes à gages, sous la surveillance de notre mère, jusqu'au moment où Arthur, le plus jeune des deux fils, fut en mesure d'en prendre la direction.

Notre père Désiré Roy, qui était-il ?

 ...physique à la stature imposante, aux traits réguliers, encadrés de cheveux châtains que la neige des années blanchira dès la quarantaine. Ses yeux étaient bleus, expressifs et doux, son teint clair. Il avait un pas alerte et une démarche assurée qui annonçaient une santé assez robuste. Jeune, il devait aloir l'allure d'un prince, au soir de sa vie, il avait clle d'un patriarche.

L'homme

Désiré Roy était à nos yeux, l'homme parfait. Nature délicate, caractère pacifique, il n'avait aucune tendance à la contradiction, aux discussions inutiles: avec lui, tout se réglait à l'amiable et à la satisfaction des parties en cause. D'un jugement sûr et impartial, il était souvent appelé en arbitre pour trancher un différend, régler un litige.

Le citoyen

Intègre, droit, d'une sobriété absolue, d'une logique indiscutable, intéressé et dévoué au bien commun, il jouissait de la confiance de tous. Il fut maire de Lambton durant plusieurs termes consécutifs (ndr:  3 mandats : 1884-1900; 1911-1912; 1917-1919) ; dans le but d'y mettre fin, il dut organiser lui-même une campagne pour le choix et l'élection de son successeur.

Le fonctionnaire

Par son ardeur au travail et sa conscience professionnelle, il s'était acquis la haute estime de ses patrons. Pour s'en convaincre, il suffisait de circuler avec lui, le long des corridors du Parlement: le bon accueil qu'on lui faisait, l'intérêt et la considération qu'on lui témoignait en étaient une preuve.

Le chrétien

Notre père était un homme aux convictions profondes qu'il n'extériorisait pas, mal à propos. Sa vie honnête et sans reproche était sa prière constante: chez lui, la vertu était aimable et le bien, très discret. Comme paroissien, il se montra toujours dévoué aux bonnes causes et généreux collaborateur à l'occasion.

Le chef de famille

Dans ce foyer, véritable sanctuaire de paix et de bonheur, l'amour était intarissable et toujours neuf, parce qu'il avait ses racines en Dieu. Les épreuves étaient partagées au pied de la croix: époux chrétiens, ils savaient que le vrai lien des familles, le vrai sang d'une race, c'était la grâce de Dieu (Perrov).

L'époux

Sincère, compréhensif, ouvert au dialogue, affectueux et tendre, notre père possédait, par surcroît, cette richesse très appréciable d'une bonne humeur constante et communicative. Sa grande lucidité, jointe à un heureux tempérament lui permettait de saisir le bon côté des choses. Sous le signe de la bonté, de la paix, de la bienveillance, il a su rendre heureuse celle qu'il avait choisie pour partager sa vie. Jamais la moindre mésentente chez nos parents n'a pu être décelée, l'accord était parfait et harmonieux. Voilà bien ce qui constituait la trame de leur amour conjugal: amour qui ne connut pas de déclin.

La compagne de sa vie

Ici, nous ouvrons une parenthèse pour esquisser la physionomie de celle qui fut, pour notre père, durant 52 ans, la compagne fidèle, aimante, dévouée de tous les jours; et celle qui fut pour nous, ses enfants, une mère toute de bonté, de vaillance, de courage, de dévouement, d'attentions délicates à l'endroit de chacun. En plus des richesses de son coeur dont nous avons largement bénéficié, son sens inné des affaires était évident. Notre père, en lui abandonnant l'administration du budget familial, était d'ores et déjà dans une parfaite sécurité. C'est, il est bon de le signaler, grâce à cette habile administration, que l'état de gêne des débuts de leur ménage, a fait place à une modeste aisance après un certain nombre d'années.

Le père

Si Désiré Roy, notre vénéré père, nous semble avoir été l'époux idéal, nous pouvons affirmer qu'il sut être un père de famille modèle; le recul des ans n'a fait que confirmer cette impression de notre enfance heureuse.

Orphelin très jeune, la souffrance, loin de durcir son coeur, l'avait marqué de bonté, d'aménité.

Père affectueux et sensible, il mettait dans les siens sa joie et sa raison de vivre. Généreux et oublieux de lui-même, il ne savait rien leur refuser: aucune de leurs prières ne le trouva insensible. Cependant, à son exemple, nous avions appris à ne désirer que ce qui est raisonnable; les caprices ne devaient pas être à l'ordre du jour, encore nous permettait-il d'en voir quelques-uns...

Ses réprimandes étaient basées sur la raison et servies avec une extrême délicatesse; elles étaient rarissimes et toujours rien que verbales.

Toutefois, les faiblesses de l'humaine nature chez les siens l'on trouvé profondément déçu, mais silencieux. "Le silence est la patrie des forts", disait le cardinal Saliège. Cependant, notre père savait parler, et parler à propos. Avec Gilles Vigneault, nous pouvons affirmer que, chez lui, "la parole était porteuse d'un héritage: héritage de droiture, de foi, d'amour, héritage de grandeur qui commande le respect."

Le grand-papa

Avec un coeur encore tout plein de jeunesse, notre père demeurait ce qu'il a été toute sa vie: optimiste, gai, affectueux; avec les jeunes, il était taquin, boute-en-train; on aurait dit "qu'aucun vieillissement n'avait pu saisir son âme."

Les visites des petits-enfants Roy et Marceau étaient, pour les grands-parents, de vrais rayons de soleil. Et les jeunes le savaient, aussi était-ce avec un bonheur toujours nouveau qu'ils franchissaient le seuil de leur demeure.

 Les petits "Roy" demeurant à un mille (1,6 km) du village, avaient, entre autres privilèges, celui de prendre  le diner, les jours de classe, chez les grands-parents, heureux de les recevoir, bien sûr !

Ici, notre pensée rejoint la fille aînée d'Arthur, la petite Clémence de 1926, qui combla au foyer, le vide laissé par Albertine, entrée en religion. Cette petite "demoiselle" de six ans, avait vite saisi l'affection dont elle était l'objet; aussi remplit-elle sa mission avec beaucoup de délicatesse et de bonheur jusqu'au jour du décès de notre mère en 1937; elle avait alors 16 ans.

Quant à la famille Marceau, elle-même domiciliée à une faible distance de la résidence des grands-parents, il va de soi que les enfants étaient des hôtes de passage; à tour de rôle et à tout moment, ils apparaissaient dans le décor, avec leurs frais minois et leurs espiègleries. La fréquence de ces "visitations" n'enlevait rien à la joie toujours nouvelle de les accueillir.

Notons que l'aîné, Hercule, était le premier de la 9e génération; ce double droit d'aînesse lui conféra certains avantages et cela, sans préjudice pour la belle douzaine qui viendra après lui, réjouir le foyer modèle qu'était celui des Marceau. En caressant pour lui de beaux rêves d'avenir, les grands-parents avaient-ils le pressentiment, qu'à peine sorti de l'adolescence, ce petit-fils tant choyé serait un jour au service de la patrie durant la guerre '39-45' et qu'il en reviendrait, promu lieutenant.  Honneur lui en soit rendu !

La retraite

Un jour, pour notre père, sonna l'heure de la retraite, mais ce n'était pas encore la fin des jours heureux: notre mère était là, avec une santé diminuée, il est vrai, mais toujours aussi attentive, aussi bonne, aussi aimante. Cette retraite fut, pour les deux valétudinaires (ndr: signifie "maladif, malade, souffreteux) qu'ils étaient devenus, un hâvre de repos, de quiétude, d'intimité et de prières.

Les journées étaient vite passées, partagées qu'elles étaient entre le jeu des cartes, les repas, les visites nombreuses et fréquentes: la maison était si accueillante ! La prière y avait sa place, bien sûr. Et quant vint pour eux deux, le déclin annonciateur de la fin, les conversations, les échanges étaient centrés sur l'inévitable. On faisait en commun et en grande sérénité des plans, des projets pour le dernier à partir.

C'était à repenser tous les jours - tous les jours, on se le redisait: "Si tu pars le premier, ce sera bien dur pour moi." "Si tu pars la première, comment pourrais-je vivre sans toi dans cette grande maison ?". -- et, avec d'autres mots, de nouvelles expressions, on répétait toujours la même chose.

Le grand départ

Sujets privilégiés d'un "ROY" si magnifique, nous aurions voulu prolonger son règne longtemps encore. Mais, il y eut un soir, et ce fut le dernier: c'était le 6 décembre 1935.

Alors qu'il se mettait au lit, soutenu par une servante admirablement bonne et dévouée, notre père tomba à la renverse dans les bras de notre mère, elle-même malade et alitée. La mort avait déjà fait son oeuvre; il était dans sa 77e année de son âge.

Le deuil fut immense chez les siens. il fut général dans la paroisse et les paroisses voisines, où il était avantageusement connu, grâce aux services que, par ses fonctions, il avait su rendre à la population.

À la fidèle compagne de sa vie, qui lui survivra deux encore , à ses enfants et petits-enfants, notre père devait léguer une richesse infiniment supérieure à toutes les fortunes: celle d'un nom honorable et l'exemple d'une vie intègre.

Dans le temple de nos âmes, à sa mémoire, un autel a été dressé où brûle une lampe, celle de notre impérissable souvenir et de notre filiale vénération !

"Il n'y a de vraiment mort que celui qui est oublié..." (Sainte Thérèse d'Avila).

ÉPILOGUE

Cet hommage posthume à la mémoire de notre père vénéré, nous avons maintenant la joie et la fierté de l'offrir à sa postérité. Il est le fruit d'un travail de recherche, à la lumière de la réalité, de la vérité. Pâle reflet de sa riche et attachante personnalité, il est aussi l'écho fidèle et discret de ses leçons "silencieuses".

Cette modeste réalisation constituera, nous en avons espoir, un lien entre les familles et les générations: lien qui est la force d'une race et la gloire des individus issus d'un même sang. Le culte des aïeux, il ne faut pas l'oublier, est le propre d'une âme bien née: il est devoir et richesse !

Les qualificatifs dont nous nous sommes servis pour présenter l'image de notre père, peuvent paraître quelque peu idéalisés aux regards de qui ne l'a pas connu ! En utiliser d'autres nous eût paru une trahison !

Éloge des pères:

Hommes riches en vertus,
à cause d'eux, leurs fils demeurent à jamais.
Les enfants de leurs enfants sont une sainte lignée.
Leurs corps reposent dans la paix du tombeau,
mais leur nom reste vivant pour toutes les générations.
(Eccl. 44, 6-25)

CONCLUSION

Après avoir assumé avec tellement de joie une tâche très chère à mon coeur, j'ai maintenant le plaisir, chez neveu, chère nièce, de t'en offrir le fruit: le modeste cahier que voici. J'estime qu'il constitue un "BIEN DE FAMILLE" et, comme tel, je suis sûre que tu lui feras bon accueil. L'étranger n'y trouverait sans doute aucun charme, mais s'il pouvait te plaire, à toi-même et aux générartons futures, je me considérerais comme amplement récompensée de mon labeur.

Comme tu l'as constaté, j'ai suivi notre lignage au pays jusqu'à la onzième génération. Mais j'ai tenu aussi à m'attarder au septième anneau de la chaîne, Désiré Roy, anneau auquel je me rattache, et dont tu descends... Anneau de haute qualité dont tu feras bien de garder fidèle souvenir !

Ce retour sur le passé a fait revivre en moi, les jours heureux de mon enfance, que le temps repousse toujours davantage dans le lointain de ma vie mais auxquels le coeur donne l'immortalité.

Dans ce cortège de souvenirs aux teintes variées, j'ai rencontré, tu le pressens bien, des êtres chers que le Seigneur a rappelés à Lui, nos grands disparus...

Si hélas! les figures s'estompent, les lieux et les choses demeurent, et je pourrais dire avec Lamartine: "Objets inanimés, vous avez donc une âme qui s'attache à mon âme et la force d'aimer."

Ici, j'imagine le minuscule village de Lambton "1848" et je rends hommage aux valeureux défricheurs, au nombre desquels se trouvait notre aïeul immédiat, Louis Roy et sa famille. Et voilà qu'après un demi-siêcle de privations et de dur labeur de la part de ces courageux pionniers, Lambton était devenu coquet dans son décor de verdure, avec son église à l'apparence d'une mini-cathédrale, son fier clocher à l'ombre duquel reposent les cendres de tant des nôtres, ses cloches qui, avec nous ont chanté, prié et pleuré.

Pour ses beautés qui ont rempli nos yeux d'enfants et qui continuent d'offrir l'image de ta magnificence, "Béni sois-tu Seigneur! ".

Et, si notre famille ne semble pas spécialement promise à une gloire terrestre, qu'on nous permette en terminant, d'augurer pour elle une destinée plus haute encore, celle d'une foi conservée et transmise d'âge en âge. La présente génération, par sa fidélité au devoir et aux principes reçus, saura à son tour doter l'âme de ses enfants de cet héritage de droiture, de foi et d'amour légué par ceux de notre sang qui nous ont précédés dans la vie.


      





 

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