Biographie Meunier Leonidas
Historique de la vie matrimoniale de Léonidas Meunier et Georgiana Boulay
par
Georgette Vigneault, épouse de Jean-Marie Meunier
Léonidas a rencontré Georgiana sur le perron de l'église à Saint-Paul-d'Abbotsford le dimanche de Pâques après la messe. C'était un coup de foudre pour Léonidas. Georgiana venait de sortir du couvent où elle espérait devenir religieuse, mais elle avait été refusée. Les religieuses lui ont dit qu'elle était trop perfectionniste de la religion pour être une bonne enseignante. La famille était en visite chez sa tante maternelle, madame Senay. Léonidas et Georgiana se sont mariés le 26 octobre 1920, soit plus d'un an après cette rencontre.
Ils ont demeuré sur une ferme partagée avec la propriétaire qui était une femme seule. Georgiana, étant de la ville, ne connaissait pas grand-chose aux animaux. En 1922, elle a eu un bébé. Ils sont venus demeurer à côte Saint-Paul. En 1926, nous les retrouvons sur une petite terre à Sainte-Brigitte-des-Saults où est né Alfred qui était maladif et qui a dû être hospitalisé à Nicolet. Avant que l'hiver n'arrive, ils sont revenus à Montréal et le père de Georgiana a trouvé du travail à la fonderie pour Léonidas. Alfred Boulay travaillait aux moules et Léonidas travaillait à la coulée du métal en fusion. C'était très chaud à 10 heures par jour, mais le travail commençait à être rare. En 1930, ils ont déjà six enfants et ils demeurent sur la rue Monsabré quand la fonderie ferme. Georgiana va obtenir du travail pour Léonidas grâce à l'aide de sa cousine, la fille de sa tante Antoinette Boulay. Léonidas commence comme concierge d'école sept jours par semaine à l'école Guybourg dans la paroisse Saint-Herménégilde. L'hiver, il s'occupe de chauffer la fournaise au charbon de 15 h 30 à 5 h du matin. Il aide aussi son beau-frère Léonce Giguère dans sa boucherie à débiter les carcasses d'animaux pour apporter de la viande à la maison. C'est la crise et tout est cher. Ils vont déménager sur la rue Louis Veuillot, près de l'église Notre-Dame-des-Victoires et du couvent, au troisième en haut de chez Rosée Boulay et Léonce Giguère qui occupent le logement du deuxième.
André est né en 1940 et Georgiana est diabétique depuis plusieurs années. Elle n'aura plus d'enfant. Elle commence à vendre des produits Familex que son cousin Oscar Lavoie, le garçon d'Alphégina Racine, lui envoie pour vendre à commission pour lui. Elle est bonne vendeuse.
Quand Georges a 9 ou 10 ans, à l'été et les fins de semaine, elle l'amène avec elle pour porter les commandes. Il n'est pas gêné et parle bien. Il est déjà vendeur. Un peu plus tard, Georgiana va acheter une petite maison sur la rue Monsabré qu'elle loue à sa fille Madeleine après son mariage. En 1954, Madeleine va lui acheter cette maison. Georgiana va acheter une seconde maison sur la rue Monsabré. En 1954, après la séparation de leur mariage, elle ira demeurer là et elle prendra trois chambreurs. Elle sert les repas. Les chambreurs sont des personnes seules, démunies dont elle guidera et qui doivent être pieuses, aller à la messe tous les jours et ne pas aimer les hommes en apparence. Elle va rester dans sa maison jusqu'en 1969.
Après 1944, pendant l'hiver, Alfred Boulay reste chez ses deux filles, une semaine chacune leur tour. À l'été, il vivait à Saint-Pie-de-Bagot dans une maison avec un petit jardin. Il était diabétique lui aussi et à l'été il mangeait de la salade, des tomates, du pain et du miel de ses deux ruches. Il disait qu'il se refaisait une santé. Il est décédé en 1947 à Montréal.
En 1968, Georgiana vend sa maison de la rue Monsabré et achète une ancienne résidence de religieuses à Ham-Sud près de Sherbrooke. C'est moi et Céline qui lui ont aidé à faire ses boîtes pour le déménagement. La maison est reliée à l'église par un corridor. Pour Georgiana, c'est presque le paradis et elle est très souvent à l'église. En 1971, elle revient à Montréal et vient demeurer au foyer Rousselot car elle ne voit pas beaucoup à cause du diabète. Après six mois, elle va demeurer dans un foyer privé sur la rue Chambly près de Saint-Hubert. Elle n'aime pas cela et revient à Montréal. Ainsi, en 1972, elle prend un logement sur la rue Bossuet et a une chambreuse pour l'aider car elle ne voit plus. Durant ce temps-là, c'est Gérard et Yvette qui l'aident quand elle doit sortir. Moi et Céline, nous y allons deux fois par semaine pour le ménage et l'épicerie. En septembre 1973, elle entre à l'hôpital Notre-Dame-de-Lourdes car elle est aveugle et n'a pas de mémoire. Elle sera là jusqu'à son décès survenu le 19 mai 1991. Sa fille Céline était avec elle à son décès. Depuis cinq ou six ans, ses filles Marguerite et Céline la visitaient assez régulièrement, souvent pour la faire manger car elle ne reconnaissait personne. Elle pensait souvent qu'elle était fille et était au couvent. Sa consolation était d'aller à la chapelle et dire son chapelet.
Je reviens à Léonidas. En 1948, il a changé d'école comme concierge pour être à la nouvelle école de Notre-Dame-des-Victoires où le chauffage était à l'huile. Il travaillait cinq jours par semaine de 15 h 30 à 23 h. L'hiver, il travaillait aussi le samedi matin et le dimanche matin pour la vérification de la fournaise. Quand les enfants étaient jeunes, ils élevaient des lapins l'hiver dans la remise attachée au logement sur la rue Louis Veuillot. Ils les mangeaient et en vendaient aussi à la boucherie de Léonce Giguère, le mari de Rosée Boulay ou le beau-frère de Georgiana. Ce que Léonidas aimait le plus, c'était le lapin cuit dans les fèves au lard ou le lapin avec du chou. Il a quitté le logement de la rue Louis Veuillot en 1954 et il a loué sur la rue Duquesne une ancienne résidence de soeurs enseignantes. Il avait avec lui son fils Georges qui était au travail et son fils Laurent, âgé de 18 ans, qui jouait au hockey.
Sa fille Céline travaillait au dehors comme servante et son fils André a commencé au collège à Saint-Jérôme. En 1955, Léonidas achète une auto et va voir sa mère à Granby les fins de semaine, ainsi que ses frères et soeurs. L'été, il a quinze jours de vacance. En 1964, il a pris sa retraite et a acheté un petit restaurant. Le jour, il travaille avec André et aussi Laurent qui vient leur aider les fins de semaine. Le restaurant n'est pas assez rentable et il le revend l'année suivante.
Joseph et Germaine sont demeurés un an et demi après leur mariage en chambre dans ce loyer, ainsi que Gérard et Yvette avant la construction de leur maison. Toute la famille a travaillé pour construire la maison de Gérard, soit Léonidas, Joseph, Alfred, Laurent et André ainsi que les trois frères d'Yvette. Ce fut un chantier très court et même Émery Whalen, le mari de Marguerite Meunier, a donné un coup de main pour l'électricité.
Léonidas, après la vente du restaurant avec André, a acheté une petite terre à Roxton Falls. Il avait un cheval, six vaches et des cochons. Avec le premier hiver, l'enchantement est parti. Il a revendu et a acheté une petite maison à Roxton Pond où sa soeur Blanche Meunier demeurait. Il aimait beaucoup la vie là, dans un village de rentiers pas loin de l'église. Comme il n'aimait plus conduire, il a vendu son auto et le soir même, il a été attaqué par des jeunes gens qui voulaient son argent. Il a été attaché à une chaise et sa bouche était fermée avec du ruban gommé. Il étouffait et la maison a été saccagée. Après cela, il ne pouvait plus dormir et il faisait des cauchemars tous les soirs. Il a alors vendu la maison et est revenu à Montréal. Il a loué un logement sur la rue Monsabré où il y est demeuré avec sa fille Céline. En 1967, il est venu demeurer avec André et Lise à Richelieu dans le rang de la savane près de chez nous (de chez Jean-Marie et Georgette) et de son fils Laurent qui était le deuxième voisin. Laurent avait loué une maison de campagne pour voir si sa famille aimait cela.
En 1969, Léonidas est retourné vivre avec sa fille Céline et est décédé le 14 janvier 1977 d'un cancer de la prostate et des intestins.
Cette histoire a été écrite par Georgette Vigneault en 1992 et provient de souvenirs recueillis en jasant.
|