Biographie Richard Edouard
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RICHARD, ÉDOUARD (on trouve aussi Émery-Édouard, parfois Émeri, mais c’est à tort qu’on a écrit Édouard-Émery), avocat, homme politique, fonctionnaire, homme d’affaires et historien, né le 14 mars 1844 à Stanfold (Princeville, Québec), fils de Louis-Eusèbe Richard* et d’Hermine Prince, nièce du premier évêque de Saint-Hyacinthe, Jean-Charles Prince* ; décédé célibataire le 27 mars 1904 à Willow Bluff, près de Battleford (Saskatchewan).
Arrière-petit-fils de déportés acadiens, issu de familles à l’aise qui furent parmi les premières à coloniser les Bois-Francs, Édouard Richard passa sa jeunesse dans cette région, au sein d’une population encore marquée par le « Grand Dérangement » et dont les récits allaient lui laisser des souvenirs indélébiles. Après avoir fait ses études classiques au séminaire de Nicolet, il étudia le droit, d’abord à l’université Laval pendant deux ans, puis durant un an au McGill College où il obtint une licence en droit civil. Aussitôt, il s’en alla à Paris, où il séjourna huit mois en compagnie du journaliste Elzéar Gérin*. À son retour, il s’établit à Arthabaskaville (Arthabaska). Trois mois plus tard, sa santé flancha.
Reçu avocat, malgré tout, en 1868, Richard s’associa à Wilfrid Laurier*, pour pratiquer le droit à Arthabaskaville. La société juridique ne fut jamais plus que nominale : l’espoir de guérison resta vain. Toutefois, Richard et Laurier demeurèrent associés pendant sept ans et vécurent en pension, pendant dix ans, chez l’un des oncles de Richard. Attiré par la vie politique malgré sa santé chancelante, Richard se fit élire député libéral de Mégantic, à la Chambre des communes, en 1872. Réélu en 1874, il refusa cependant de se représenter en 1878, trop malade pour la rude vie d’homme politique.
La même année, Richard partit pour Winnipeg. Peu de temps après, il fut nommé shérif des Territoires du Nord-Ouest et s’établit à Battleford. En 1881, en attendant que le chemin de fer arrive à Regina, future capitale des Territoires, il obtint le droit de rentrer à Winnipeg. Pour combattre l’oisiveté de sa nouvelle situation, il fonda une société engagée dans les transactions immobilières, la spéculation foncière et le crédit, la Ed. Richard and Company. Homme d’affaires habile, Richard amassa un capital de 250 000 $ en neuf mois. Ravivé, il brigua de nouveau les suffrages, au Manitoba cette fois, dans la circonscription de Saint-Boniface, aux élections provinciales de 1883, mais fut battu par Alphonse-Alfred-Clément La Rivière* ; pis, il y laissa ce qu’il restait de sa santé. Alité, il fut contraint de démissionner de son poste de shérif peu de temps après et perdit sa fortune. Rétabli, quatre ans plus tard, Richard reprit les affaires. Il retrouva même le goût de la politique : candidat dans la circonscription fédérale de Provencher à une élection partielle en janvier 1889, il fut cependant encore défait par La Rivière et mit fin à sa carrière politique.
En 1891, après 23 ans d’extrêmes difficultés, Richard retrouva le plein usage de ses yeux et put renouer avec la lecture et les lettres, deux vieilles amies. Si, 20 ans auparavant, il avait aiguisé sa plume en écrivant quelques articles pour l’Opinion publique, de Montréal, désormais il allait se consacrer à l’histoire. Il se mit à lire sur l’histoire acadienne ; ses lectures l’impressionnèrent profondément. Naquit alors en lui une mission, celle de donner au monde sa vision personnelle des causes et des faits de la déportation des Acadiens. Bientôt, son projet prit de l’ampleur : d’une simple riposte polémique au moyen de courts articles à caractère populaire, son travail se transforma en une série d’articles étoffés, puis, enfin, en un livre d’histoire appuyé sur des recherches approfondies. Il dépouilla d’abord les archives pendant trois mois, à Ottawa et à Québec, et consulta d’autres historiens, notamment François-Edme Rameau de Saint-Père et Pascal Poirier*. Puis, il mit deux ans et demi à rédiger deux volumes, traduits en anglais pour plus d’effet et publiés à New York et à Montréal, en 1895, sous le titre de Acadia, missing links of a lost chapter in American history. Avec son histoire, Richard n’avait qu’un but, poursuivi méthodiquement : « montrer la mauvaise foi et la partialité » de l’historien Francis Parkman* et de l’archiviste Thomas Beamish Akins*, compilateur des documents sur lesquels le premier s’était fondé pour approuver la Déportation. En corollaire, il entendait démontrer qu’elle était le fait de Charles Lawrence* et de ses acolytes, et que le gouvernement britannique n’y avait été pour rien. Richard fait donc le procès des auteurs de la Déportation et de leurs apologistes ; sans ménagement aucun, voire pédant, son livre pèche par l’excès.
Rentré à Arthabaskaville en 1894, Richard, pour qui l’Acadie, et tout ce qui avait trait aux Acadiens, était devenu une obsession, se consacra à la cause de la « renaissance » acadienne [V. sir Pierre-Amand Landry*]. Il s’activa à promouvoir l’établissement d’un musée acadien, la diffusion de l’histoire de l’Acadie et l’érection de monuments en hommage à ses historiens. Il amorça une campagne en vue d’obtenir réparation d’honneur pour la Déportation, une autre dans le but de publier une nouvelle compilation des documents afférents à l’expulsion. L’élite acadienne lui donna raison sur tous ces points. Mieux encore, on résolut, en congrès national, de soumettre une pétition à la Chambre d’assemblée de la Nouvelle-Écosse pour que soit révisée la compilation d’Akins, germe de la carrière d’historien de Richard.
L’ouvrage de Richard, accueilli avec joie par les Acadiens, souleva une controverse au Canada anglais et aux États-Unis. Et il apporta à son auteur la renommée : un an après sa publication, Richard fut élu membre de la Société royale du Canada, puis il reçut un doctorat ès lettres honorifique de l’université Laval. Et, consécration suprême, au début de 1897, on le nomma archiviste canadien en France, où il prit la relève de Joseph-Étienne-Eugène Marmette. Ce fut Laurier, son « ami le plus intime », qui lui décrocha ce poste, au désespoir des responsables de la Direction fédérale des archives, dont Douglas Brymner, qui craignaient la controverse. Il travailla à Paris jusqu’à la fin de 1902, sauf pendant un bref séjour qu’il fit à Ottawa à l’hiver de 1899. Ses recherches en France furent publiées dans les Rapports des Archives canadiennes de 1899 et de 1904. De retour à Ottawa à la fin de 1902, Richard quitta la capitale l’été suivant, abattu de nouveau par la maladie. Il séjourna chez son cousin Émile Richard, à Willow Bluff, où il mourut, à l’âge de 60 ans.
La controverse qu’avait suscitée Édouard Richard reprit de plus belle après sa mort. La publication du manuscrit original de son histoire – que l’on retrouva après de longues recherches –, corrigé et annoté par son cousin germain Henri d’Arles [Beaudé], raviva de vieilles querelles et en fit naître de nouvelles. On se disputa sur l’exactitude de l’édition critique, on mit en opposition diverses thèses sur la Déportation. Pendant plus d’un demi-siècle, le legs de Richard demeura au cœur de l’historiographie acadienne. Aujourd’hui, il est au panthéon de l’Acadie.
P. D. Clarke
Édouard Richard est l’auteur de Acadia, missing links of a lost chapter in American history (2 vol., Montréal et New York, [1895]) dont le manuscrit original français a été publié sous le titre de Acadie : reconstitution d’un chapitre perdu de l’histoire d’Amérique, Henri d’Arles [Henri Beaudé], édit. (3 vol., Québec et Boston, 1916–1921).
AN, MG 26, G.— Arch. du séminaire de Trois-Rivières, Québec, 0276 (fonds Édouard Richard).— Centre d’études acadiennes, univ. de Moncton, N.-B., Fonds Placide Gaudet ; Fonds V.[-A.] Landry ; Fonds [F.-]E. Rameau de Saint-Père.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Le Jeune, Dictionnaire.— J.-É. Prince, « Édouard Richard et son œuvre « Acadia », Rev. Franco-américaine (Québec), 3 (1909), n° 3 : 172–199.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 1.
http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=23867&type=pge
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Né le 14 mars 1844 à Stanfold (Princeville), Édouard Richard est le fils de Louis-Eusèbe Richard, marchand, et d'Hermine Prince.
Richard fait ses études classiques au séminaire de Nicolet. Il fréquente ensuite l'Université Laval pendant deux ans, puis le Collège McGill où il reçoit une licence en droit civil. Après un bref séjour à Paris, il est admis au Barreau du Bas-Canada en 1868 et s'établit à Arthabaska (Victoriaville). Au cours des sept années qui suivent, il pratique le métier d'avocat en association avec Wilfrid Laurier.
Engagé en politique fédérale, Richard siège comme député libéral du comté de Mégantic à la Chambre des communes en 1872. Réélu en 1874, il quitte ses fonctions quatre ans plus tard et part pour Winnipeg.
Richard est nommé shérif des Territoires du Nord-Ouest. D'abord établi à Battleford, dans le futur district de Saskatchewan, il retourne vivre à Winnipeg en 1881 où il fonde la Ed. Richard and Company. Homme d'affaires, il se lance dans les transactions immobilières, la spéculation foncière et le crédit. Après avoir vainement tenté de se faire élire à l'Assemblée législative du Manitoba en 1883, il démissionne de son poste de shérif l'année suivante. Il accuse un second échec électoral lors du scrutin fédéral de janvier 1889 et met définitivement un terme à sa carrière politique.
À partir de 1891, Richard se consacre à l'écriture, activité qu'il a pratiquée dans les années 1870 à L'Opinion publique de Montréal. Il entame des recherches sur l'histoire acadienne, particulièrement sur la déportation de 1755. Il rentre à Arthabaska en 1894 et s'engage dans une croisade en faveur de l'Acadie. Il devient le promoteur de l'établissement d'un musée acadien et de la diffusion de l'histoire de ce peuple. Avec l'appui de l'élite acadienne, il milite en faveur d'une réparation d'honneur pour les torts causés aux Acadiens lors de la déportation. Il publie deux volumes traduits en anglais, sous le titre Acadia, Missing Links of a Lost Chapter in American History (1895).
Après la sortie de cette étude controversée au Canada anglais et aux États-Unis, Richard reçoit un doctorat ès lettres honorifique de l'Université Laval. Grâce à son ami Laurier, alors premier ministre, il obtient le poste d'archiviste canadien en France de 1897 à 1902. Il présente ses recherches effectuées à Paris dans les Rapports des Archives canadiennes à partir de 1899.
Il est décédé à Willow Bluff, en Saskatchewan, le 27 mars 1904.
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Notices bibliographiques :
CLARKE, P.D. « Richard, Édouard ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
Parlement du Canada. Parlement du Canada. Sénateurs et députés [En Ligne]. http://www.parl.gc.ca/
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